[Espace de repli]
Il l'a dans l'ombre, elle y a la main portée, s'y releve, et se révele comme toujours a ses yeux, belle.
Indistincte de silhouette et de désir, des formes l'art d'en parler et de s'y retrouver saine d'esprit le plaisir éprouvé.
Il l'approche du dos du reve et lui y adresse une attention particuliere, qu'elle saisit aussitot, lui retourne. Et elle se retourne :
"Emilie, voulez-vous que l'on sorte ensemble ce soir ? Si du moins vous avez encore le coeur a sortir ?"
Elle lui répond que ca lui dit tout a fait.
"Nous irons prendre un verre, a coté de la boite il y a une auberge, j'y suis allé hier soir, parfaitement convenable."
Derriere la silhouette floue qui lui sourit sereinement de la pénombre qui convient aux pins, cessent de s'agiter enfin les formes qui en prennent, des évenements du jour, les lueurs sans espoir.
"Je suis épuisée de cette journée. A de multiples reprises j'en ai eu assez vous savez. Parfois j'ai vraiment du me forcer. Et vous Clément, vous vous sentez bien ?
_Moi ?, j'en ai vu d'autres. J'ai mes doutes souvent moi aussi, et a mesure, c'est l'assurance d'etre pret qui en est grandie."
Au loin, dispersé apres l'envol d'Emilie, qui se dirige de couloirs en couloirs jusqu'a la cour centrale guidée par la source lumineuse qui en émane, Clément voit apparaitre un véhicule.
Les phares s'éteignent, une portiere claque, c'est une femme.
Ce qui ressemble le plus a une porte, incision faite dans le tissu tendu d'un seul tenant porté sur l'importante longueur de l'édifice, porte l'inscription d'une décision fermement prise comme la concision conclusive d'un point de départ qu'encadre l'onde gracieuse de ses deux tildes :
~ OUVERTURE LE 26 JUIN ~
Promesse est tenue. Mathilde franchit l'ouverture, et trouvant une salle a trois murs de pierres a ciel ouvert, elle tend l'oreille aux voix gourmandes qu'elle y entend, et s'émerveille sans impatience qu'on y soit déja.
Admirable, la densité d'étoiles qui tapissent ce ciel.
"Mlle FAURE ~ !
_ ~ M. ROCHARD ! ~
_Deux complémentaires se retrouvent et, voyez, toute l'assistance est émue. Bonsoir Mathilde.
_Bonsoir Julien. Vous l'avez ouvert, hein ? C'est comme ca que vous avez su que j'arrivais ?
_Nous l'avons ouvert oui mais ... c'est au bruit de votre moteur que nous avons su, c'est aussi simple que ca.
_Mais, quelques bonnes augures de vos premiers essais ?
_Pas encore. Nous commencons a peine. En revanche, j'ai une bonne impression, sur l'endroit d'abord. Venez, joignez-vous, nous prenions un verre a coté, je vais vous raconter une histoire qui devrait vous réjouir. Ce n'est peut-etre qu'une coincidence mais enfin les hasards sont toujours les bienvenus, ce n'est pas vous qui me contredirez ...
_C'est l'appréciation qu'on se fait de leur apparition, qui peut etre bien venue. C'est Sylvie, n'est-ce pas ?
_Vous connaissez Sylvie ?
_Bonsoir Mlle FAURE.
_Bonsoir Sylvie. Oui, on m'en a parlé. Vous etes la nouvelle maitresse de Julien, c'est bien ca ?
_Je l'avais prévenue que vous étiez assez franche du collier mais j'ai encore manqué d'adjectifs. Vous repoussez les limites de la courtoisie ! ~
_Ah-ah ! Non, excusez-moi Sylvie si mes manieres en manquent un peu parfois, suis-je impolie. J'ai probablement raté plusieurs stades des évolutions de moeurs. Enfermée comme je l'ai été, on n'a rarement que mieux a faire au moment divin de respirer l'air pur, que de se mettre au fait des nouveaux euphémismes en vogue.
_Quand meme, c'est volontaire, ne me dites pas le contraire Mathilde. C'est dans votre caractere, sans question de bonnes manieres.
_Ah excusez-moi, vous ne vouliez donc pas y répondre. Je ne comprends définitivement rien a rien.
_Mais si, tout au contraire. Oui, je suis la compagne de Julien. Ce depuis bientot 2 ans.
_Félicitations Julien, vous avez trouvé une femme superbe, et a juger de l'élegance de son maintien et sa préstance tout instinctive, sans doute Mlle Sylvie est-elle bien plus raffinée que ne l'était votre ex-femme.
_Oui, je vous remercie Mathilde, vous avez entierement raison, je suis infiniment gaté...
_Ah-ah. Ne soyez pas prude, Sylvie. Nous allons passer quelque temps ensemble, probablement plus qu'il est prévu, et j'espere seulement nous savoir solidaires et complices le moment venu, autant qu'il sera bienvenu dans les circonstances ou les épitres que nous ferons mener, nous ameneront aussi a nous trouver. Car l'intéraction est la clef. Il nous faut réactifs, vous comprenez, et tres sensibles a l'autre. Vous pensez que ca va aller ?
_Je ne ... je suppose oui.
_Julien, allons, avez-vous expliqué a tous ces jeunes gens, en quel comportement visuel cette grande expérience consistera ?
_Vous ne voulez vraiment pas qu'on passe a coté donc ! Ici c'est en quelque sorte la cour, voyez il n'y a que des cables, des tables et des murs en pierre pour les y coller. Vous voulez sans doute vous rapprocher de votre enfant, ca a du vous manquer terriblement j'imagine.
_Présentez moi enfin, Julien ! ~ C'est moi qui fait trop dans la bienséance ou tout est renversé déja, sans que nous ayions eu a bouger le petit doigt !
_Bonsoir Mlle FAURE, je suis Henri, Henri MATHEI. M. ROCHARD m'a touché un mot de l'aventure et, si je dois avouer que le flou total me semble de toute évidence latent, je me sens pret et en tout cas y suis résolu, a m'affranchir l'esprit de toutes les solutions arretées que l'éducation de ce monde devrait m'avoir inculquées.
_Bien. Bonsoir Henri, qu'il parle bien, beau jeune homme... Et avec un sourire radieux en plus. Il rougit ...
_Paul REPU, je suis dans la métallerie-chaudronnerie.
_Ah ! Notre métalleux. Enchantée Paul. Et mademoiselle ?
_Mme PROBY... Vous ne m'avez pas reconnue visiblement. Je suis toujours la femme de Julien, nous n'avons jamais divorcé. Continuez donc de m'appeler Christine.
_Christine ? Mais...
_Chirurgie plastique. J'ai enfin réussi a faire changer ce visage qui ne me correspondait pas. Apres que ca ait été le poids de ma santé morale des années durant, me voila débarrassée du reflet de cette image molle dans mes miroirs. Vous avez devant vous la véritable Christine.
_Christine !, j'ai peine a le croire. C'est miraculeux, c'est époustouflant, vous etes métamorphosée. Je veux dire, votre phrasé, votre assurance, cette tournure, votre voix, oui tout me semble correspondre a cette faille visuelle que je devinais lorsque vous parliez, jadis, derriere cette petite mine de bonne-a-tout-faire. Vous avez eu raison, croyez-moi. Et pardonnez ce que j'ai dit sur vous, des années se sont passées depuis, et j'ai hate déja de faire votre connaissance, de nouveau.
_Je suis ravie Mlle FAURE. Ravie que vous me reconsidériez. Oubliez tout ce que vous saviez.
_C'est exactement ce dont il s'agit, n'est-ce pas? Alors comptez sur moi. Et commencez donc par m'appeler Mathilde.
_Alors nous avons fait le tour, et voici, Mathilde, les remparts de feux que nous concoctons avec Régis - M. ROCHARD - depuis son arrivée. Il y a encore beaucoup a faire, nous paracheverons ca tous ensemble, maintenant qu'on est au grand complet ...
_Vous etes sur qu'on est au grand complet ?
_Oui, il y aura aussi bien sur Alexandre. Il vit ici maintenant, vous le verrez bientot. Vous allez voir tout a l'heure nos deux acteurs majeurs, Emilie et Clément. Ils sont actuellement dans les bois ~"
["L'esthétique est aux artistes ce que l'ornithologie est aux oiseaux", Barnett Newman. Ce qui dans un premier jet fait figure d'une vue antérieure, est une coupe longue sur scene d'extérieur pour acteurs. L'anticipation d'une étude de piece qui rapprochera du bois ou se jouent en plus grand nombre les chants d'oiseaux, les lois de leur physique. Car ce n'est que la que peut commencer un enchainement suffisamment vaste pour que soit considéré l'exploit d'un espoir de l'esprit sans que question de temps n'en dérange de la portée, la démesure. Le domaine possede pour cela plusieurs hectares de bois.]
" ~ Les ficelles du systeme les ont déja tres sérieusement mis a l'épreuve, ils ont eu affaire a pas mal de retournements, et ils étaient aux dernieres nouvelles en proie a la folie d'une horde de villageois que leur venue a rendus furieux, mais je pense qu'ils devraient arriver d'un instant a l'autre maintenant. On va en parler a table, savoir ce qu'ils pensent devoir améliorer de leur jeu, et ou ils croient que ceci a commencé de déraper. Croyez-vous qu'il y aura d'autres intervenants ?
_Je le pense oui, mais ne nous en occupons pas pour le moment, ce n'est qu'un présentiment, rien de fondé.
_Si vous le pensez, il faudra que je m'organise pour recevoir. On ne manque pas de place ici mais rien n'est pret que pour accomoder dix ou douze personnes, tout au plus...
_Bien, tres bien Julien, ne vous en faites pas. Quel bonheur de vous revoir."
En un rang ils se dirigent, longeant le bain de lumiere jaune que la pierre rend orange, vers la sortie de la piece, que les rayons rendent épaisse.
1 - SUMMER SHINE
SUMMER SHINE, ce n'est qu'une base, peut-etre meme vraiment un socle, tout n'y est certes pas encore. Mais le parcours fait pour dresser ce premier portrait des sens semble a tous un bon départ pour en constituer une pleine bilbiotheq.
Les agents de texture sont ces matériaux au sens commun qui nous rendent propres a ingérer et donc faciles a digérer, les décors de toute scene, et ce ou que s'établisse la piece, et dans quelque profondeur elle doive s'incorporer, nous affranchissant de bon nombre des contraintes usuelles du theatre, a commencer par le recrutement des figurants...
Légende: Il y a la graphie qui, combinée a la nuance et aux différents parametres avancées tels que les niveau de superposition, luminosité, lissage des courbes, netteté et grain, confere a l'assemblage son unicité, de maniere qu'il n'est nullement possible de confondre la présente ornementation spectrale avec une autre. Imaginez seulement la surprise de vous trouver, plutot que dans l'éclat d'un été initialement désiré, dans une image qui soit emprunterait au lexique des aléatoires sa principale teneur organiq, ou qui soit empreinte du croisement d'éléments aussi fous et disparates que le sont les HUMEURS, NUMERISES, SUMERIENS, REUNIS, et UMREISSEN !, en allemand [tracer les grandes lignes], HEMMNISSE ! [embarras, obstacles], SUMIRSE !, en espagnol [cogiter], etc ... Ce n'est plus dans le bénéfice de la parfaite complexité sensorielle de l'image que nous aurions a mener notre exploration des fonds, mais on se trouvrait dans un tel brouhaha mental, visuel - un pareil bordel sémantiq!, en fait - qu'il serait bien impossible a aucun de nos acteurs, des lors, de seulement distinguer le coté scene, du coté cour ! ~
2 - ECLATS DE L'ETE
Légende: Toute la polysémie linguistiq & chimiq des éclats qu'une séquence d'été prise en cours pose pour ingrédients dans la fabrication du verre. Avec la consonnance seche et apre de ses conséquences, & la froideur des échos sonores que va chercher haut la fréquence aigue de ses ondes dissociatives ~
"C'était donc vous devant l'entrée. C'est a peine croyable et pourtant c'est indéniable.
_Vous m'avez vue ? Vous m'avez vraiment vu arriver ?
_Oui, c'est votre venue qui a tout interrompu, je le sais maintenant. Alors que tout nous acculait, sans que nous ayons prévu de retournement possible, les brasiers des pins ont subitement viré aux cendres, une pluie de grises particules a battu l'horizon, et le feu dans les yeux de cette horde de furieux s'est éteint comme leur courroux eut été contenu sous la pression d'une puissante profusion d'eau, et nous n'avons plus pu des lors que les observer du champ se disperser, et des souffles ignés de l'air ambiant se dissiper en épaisses lignes les nuées rougeayantes de l'abondance du soufre.
Lorsque j'ai levé vers le fond les yeux apres qu'Emilie est partie enfin convaincue que c'en était terminé, c'est votre véhicule arrivant a destination, que j'ai vu se dessiner une destinée. Il s'est écoulé un long temps que j'ai jugé nécessaire a ce que s'achevent de s'écrouler les éléments devant votre entrée. Ce n'est peut-etre qu'une coicidence mais...
_Mais les hasards sont toujours les bienvenus, n'est-ce pas Mathilde ?
_Je vous le dis une fois encore : c'est l'appréciation qu'on se fait de leur apparition, qui peut etre bien venue. Ne confondez pas tout Julien. Et lorsque vous boirez mes mots encore a l'avenir, tachez d'en détacher bien tout ingrédient - en tant qu'alchimie lexicale - et d'en nuancer la portée au seul champ de force ou chacun peut fleurir. Et toutes les images coincidentes de ce monde ne sont par ailleurs pas pour me faire croire en de glorieux desseins.
_Et il y autre chose.
_Il y a toujours autre chose.
_J'ai vu le SUMMER SHINE. Je l'ai vu comme il parait ici devant nous : j'ai vu cette boite, telle quelle. C'est elle qui a chauffé, c'est ca qui a causé tout ce qui s'est passé. A onze heures ce matin les premiers incendies, et immédiatement apres les premiers incidents s'en sont suivis. Tout ceci est lié, tous les ingrédients contenus dans la composition de cet agent ont contribué a éblouir le site, la lumiere y était trop vive, des l'aube il y avait une telle clareté que l'ombre semblait déja ne plus exister que pour donner lieu a quelques espaces de doutes. Les seuls lieux et temps qui n'étaient baignés de son brulant rayonnement, notamment cette clairiere ou on s'est donné rendez-vous sans qu'on ait vraiment compris pourquoi l'avoir choisie, fourmillaient de pieges, épars, et de déchets., et d'obscures morphes des plus improbables morphemes. L'impasse plusieurs fois, cette hésitation dans le jeu, parfois meme un trou de mémoire... Odeurs nauséabondes, insectes pullulants, dangers latents, et d'incompréhensibles mots d'inquiétudes répréhensibles. Ca s'est confirmé avec Emilie dans la deuxieme partie de la matinée lorsque, ayant repris sa place parmi la société et parvenant a commencer enfin d'etre cette femme de l'ombre que nous désirions qu'elle devienne, elle a été sujette au doute, en proie aux maux de tete, et violemment harassée par le poids de la culpabilité. Cette métaphore de l'ombre, vous nous l'avez décrite n'est-ce pas, c'est bien de ca qu'il s'agit, je ne pense pas me tromper ? Je crois qu'il y a des défauts de conception techniques dans plusieurs assemblages de vos textures ambient. D'ailleurs, j'y ai pensé a plusieurs reprises, je ne crois pas qu'il faille autant de lumiere sur notre arrivée. Je suis convaincu que si longue journée des le début, nuit.
_Que voulez-vous dire ? C'est assez paradoxal non ?
_Eh bien, il me parait prématuré, jusqu'a ce que la confiance soit installée, que surviennent la chaleur lourde du soulevement, la clareté des idées, la brillance des discours emphatiques, ainsi que les nombreuses teintes flamboyantes de l'été qui suggerent cette grande aspiration de liberté de mouvement tel qu'un ciel grand ouvert et son immense disque lumineux pour maitre savent en inspirer.Cette toile dépeint déja la deuxieme partie de la piece, n'est-ce pas ? Je suis d'avis que lancer tout ca avant que l'amorce soit bien ferrée, amenuisera l'effet spectaculaire du grand souffle suivant qui devra en contraste, jaillir comme une explosion des sens.
C'est pourquoi je crois que cette teinte brulante SUMMER SHINE devrait n'apparaitre qu'en conséquence de l'acte que nous venons aujourd'hui de tenter. Il devra baigner le moment, le submerger d'euphorie, éblouir l'espace ou se confine le grand tournant, pour créer une breche, nette, au sortir disons, ... du printemps, pourquoi pas. Ca coule sous le sens.
_Hmmm... Amorcer l'été avec un printemps, c'est pas si illogique.
_Bravo jeunes gens ! Vous avez commencé de faire vos armes. Je me réjouis de la vitesse a laquelle vous vous imprégnez du concept, vous ne manquez pas d'en saisir les tenants et les aboutissants. Bravo Clément pour ta clairvoyante et lucide - presque extra-lucide je devrais dire - analyse. Car c'est exactement ce qui est prévu. Nous avons mis beaucoup plus de temps que toi pour en arriver a ces conclusions tu sais...
_J'étais sur place, c'est tout l'avantage que cela me confere sans doute.
_Vous etes en train de vous frotter en premier lieu au SUMMER SHINE, car cette ambiance est tres certainement celle qui comporte les plus grandes qualité et quantité des éléments parmi lesquels il est le plus difficile de jouer votre role. Il faudra, et tous tes retours sont entendus au sujet des zones d'ombres, prendre en compte les séquelles de son intégration, afin de concevoir les agents qui en précederont la venue, et vous y prépareront. Et ca ne se fera pas seulement avec le PRINTEMPS dont on dessine en ce moment les grandes lignes, meme si je vois bien les quelques métaphores mentionnées qui peuvent déja nous inspirer a le rendre riche de signes et de bonnes augures... Peut-etre sera-t-il propre a en porter le plus grand nombre, qui sait. On a statué sur une scene qui comme le film ENFIN VEUVE s'ouvre avec une femme qui chante "Et si tu n'existais pas, dis-moi comment j'existerais." Ceci est encore a vérifier, a tester, a élaborer... Il y a, a toute mention d'un facteur, meme mineur, une série de conséquences, parfois imprévisibles, et c'est pourquoi il est si délicat de le fabriquer de toute piece, et nécessaire d'en nuancer toute partie.
C'est d'autant plus délicat qu'il n'y a que rarement de véritable point de départ. Il n'y a peut-etre meme que des destinations. Nous le saurons un jour. En attendant je compose sans brouillon que s'embrouillent les sangs qu'on pose. Et a mesure nous aviserons.Nous ignorons encore tout, des voies conséquentes, qu'on les séquencent ou qu'on les ordonne vulgairement au sécateur, on croit voir les memes résultats. C'est terrifiant, c'est incroyablement perturbant d'avoir affaire a pareille incohérence, depuis que j'ai la tete la-dedans il me semble que tout est tellement aléatoire."
~ CHAPTER ONE ~
TABLEAU SEMANTIQUE D'UNE AUTOPSIE : L'amphigouri scientifique de deux passionnés un tantinet barjots.
"Qu'est-ce qu'ils ont ces deux-la a tourner en rond.
_Ils veulent filer, fiez-vous a mon instinct. A l'instant meme ou j'inventerai un prétexte quelconque qui les force de rester, voyez s'ils échangent ce regard contenu de la déception.
_En quoi ca vous regarde ? Vous allez pas les empecher de fricoter ...
_Je les libérerai aussitot, c'est pour en avoir le coeur net."
Il appelle a se rassembler et fait tinter sa coupe sans vérifier ses allégations.
"C'est sidérant, je suis sciée. Vous n'arretez donc jamais. Vous faites vos expériences aussi bien dans le cadre de ce projet que sur vos propres acteurs.
_Ce n'est que de l'observation... Et puis ca m'intéresse. C'est important, figurez-vous, que je sache tout, il faut que je soit au fait de tout ce qu'il se passe ici. Il ne s'agit ici de presque rien, mais il y a certaines locutions, parfois emprises dans un détail insignifiant, qu'il serait bien péjorant de ne pas considérer.
_J'ignore parfois si vous prenez simplement votre role trop a coeur ou si vous etes aussi atteint que je l'imagine. Ca ne m'étonne guere finalement que Mlle FAURE ait été arretée plutot que vous, sans doute personne n'a jamais pu vous prendre au sérieux."
Mathilde s'éloigne encore malgré l'insistance de M. PROBY a réunir sa table.
"M. ROCHARD, venez voir cet objet surprenant. Qu'est-ce ?"
Il la rejoint, tandis que Mme PROBY continue d'examiner sa démarche avec circonspection, et Julien invoque aussitot une raison a cette mobilisation.
"C'est la fleur technologique d'un mal naissant que nous avons identifié, lui répond Régis. Nous l'avons plantée avec Julien il y a bientot deux ans je crois, et il persiste a en étudier la croissance car, dit-il, l'analogie sémantique de son évolution pourrait nous renvoyer a la conscience d'un arbre ayant vieilli de pres de 4ooo ans.
_Ce qui ramenerait ...?
_A rien. Mais ce serait épattant.
_Et vous y croyez ?
_C'est une rare créature, moi je l'aime bien. Si vous lui dites que ca n'amenera a rien il la bazardera aux ordures. C'est aussi bien de ne rien lui dire.
_Ah-ah. Ca me fait tellement plaisir de vous rencontrer enfin. Apres toutes ces années ou nous nous sommes parlé au téléphone !, presque quotidiennement !, qu'en dites-vous. Qu'aurait-il du se passer, M. ROCHARD ? Que pensez-vous ?
_Ce qui devait arriver est arrivé, Mlle FAURE. Vous avez permi la pérennité de notre organisation, et meme si je sais que vous y avez vu une grave injustice, c'est vous qui avez joué le plus grand role, et ca, personne ne l'a oublié. Quelqu'un comme vous, votre arrestation a suffi a étouffer tout soupcon. Ils ont cru que vous aviez menée seule toutes ces opérations. J'ai longuement suivi votre proces bien sur, nous étions tellement émus que vous vous trouviez de ce coté de l'écran tandis que nous avions tous eu envie de vous voir un jour reprendre le flambeau apres la mort de votre mari. Mais dites, qu'est-ce que vous pensez de tout ca ? Toute cette alchimie, presque aussi coincidente en tout point qu'on pourrait confondre les deux affaires ? Entre ce qu'il s'est passé en 2o1o et ce que nous nous appretons a réaliser maintenant, je ne peux pas croire dans le hasard des signes mais, il y a eu de toute évidence, a ce qui se présente aujourd'hui, et ce a presque tous les stades, des annonces. Que je ne suis pas seul a avoir remarqué, je m'en suis rendu compte l'autre jour en repensant a vous, a ce que nous avons croisé de nos chemins depuis le début. Je ne suis peut-etre que de plus en plus fou, et ca me paraitra autant voire plus cohérent que si j'apprenais avoir raison. Mais il me semble que pourtant, personne ne saura me démontrer que j'ai tort si j'harbore - et dieu sait si j'abhorre pourtant !, cet aspect qui aborde ainsi l'univers - certains des points qui étayent ma philosophie.
_Je ne vois pas forcément de quels indices vous voulez parler dans notre cas. Mais je suis sure moi aussi, qu'il y a de nombreuses passivités trop insignifiantes et trop peu organisées pour etre les instigatrices des phénomenes qu'on leur a attribués. Je suis consciente d'un tres insondable champ d'action qui régit d'autres jeux d'acteurs, en coulisses, si je veux continuer ma métaphore. Nous avons avons été témoins tous les deux, de facon récurrente et meme hautement récurrante !, lorsque nous travaillions pour eux, de beaucoup de chamboulements, de ces toutes petites irrégularités - qu'on a appelées points quantiques pour les rapprocher a quelque chose de connu. Mais comment ne pas les avoir mis en exergue, plutot que confondus dans quelque idée vague que les études rendent passablement inoffensives. Dans la grande chaine imperturbable des formations et des mutations de la matiere, qu'est-ce que c'est selon vous. Je m'éloigne sans doute, mais peut-etre aussi ce que vous voulez appeler de la prémonition, de l'anticipation - une anachronie, chaotique semble-t-il, cela m'effraierait - ca doit tenir d'une tres longue lignée de domaines auxquels notre conscience ne parvient encore a accéder. De Jean-Michel OUGHOURLIAN je tiens cette citation "La liberté n'est pas un cadeau que l'homme recevrait, au départ, entier et terminé. Ce que l'on reçoit, c'est la capacité de se libérer progressivement. Non pas tant du désir mimétique lui-même, que de la rivalité à laquelle il pousse."
_Tiens, venez voir. Une curiosité qui devrait vous plaire.
_La machine a remonter le vent !, ca alors. C'est un tableau superbe. Félicitations M. ROCHARD.
_Ce n'est pas qui l'ai peint, mais ca aurait pu ...
_Je le sais bien qui l'a peint ...
Cinq ans plus tot
Ce qui aurait pu etre un autre point d'observation de la scene fascinante de cette aube mondriane.
Elle (arrivant par la chute des escaliers, a la cuisine, surprise de l'y trouver) : Trait-fort ! Je ne savais pas que vous étiez la, je ne savais pas que vous veniez ce matin. Si j'avais su...
(triste, dans ses pensées) Et moi qui restais au lit. Mais depuis quand etes-vous arrivé, pourquoi n'avez-vous pas appelé ?
Lui (se tournant doucement, et d'un air faussement détaché, puis beau, infiniment ému) : Je suis arrivé a l'aube. Il n'y avait personne et comme nous sommes samedi, je me suis dit qu'il vallait peut-etre mieux que je vous laisse vous reposer de la veille, comment ca a été ?
Elle : Bien. Oui-bien. Mais on s'est couchés tot, vous auriez du prévenir. Et meme me réveiller. J'en aurais été heureuse.
Lui (visiblement touché) : Je n'allais pas vous faire sauter du lit, pas un samedi matin allons, Mathilde.
Elle (riant d'un air coupable) : qui parle de lit ! Et qui parle d'en sauter ! Allons mais quelle heure est-il ? Neuf heures, mon Dieu ! (puis dans un air precieux : ) Mais vous avez donc foutu quoi jusqu'a cette heure-ci, et d'puis l'aube !
Lui (roulant soudain les épaules comme prenant son envol) : Un éclat de genie m'a frappé Mathilde. Il était trois heures du matin, je n'ai pas pu attendre et puis tout tournait tellement, je suis venu directement le crystaliser, le figer, afin qu'assurément il ne bouge plus. Sans attendre, il le fallait, c'était inévitable ! L'oeuvre ne pouvait pas patienter plus, combien de siecles déja, allez savoir, qu'elle miroite tout ce qu'elle peut sans qu'on la voie ~
Elle (séduite) : Trait-fort ! Qu'allez-vous donc trouver aujourd'hui la force de m'annoncer que sera ma surprise a vous voir a la hauteur d'avoir été capable de commettre qui saurait me faire des ce soir venu vous sauter au cou ?
Lui (tendre, affectueux, paternel, languissant) : Mathilde, si vous désiriez etre surprise, tenez-vous bien (tenez-vous mieux enfin), ce que j'ai fait la va vous épatter !
Elle (sans retenue, déchainée, en sueur) : Qu'est-ce ?, allons-mais-qu'est-ce !!
Lui (tel Dieu annoncant "Une Femme") : Une machine a remonter le vent !
(...)
Elle (dubitative) : Ah. Rien a voir avec une machine a remonter le temps j'imagine, puisque ca existe déja... (cherche encore)
Lui (l'interrompant, gravement) : Rien a voir en effet. Ca sonne pareil, mais c'est impossible, vous l'avez dit, ca existe déja. Mes idées ne se seraient pas arreté a ca, vous imaginez bien.
Elle (voulant etre agréable) : Ca oui j'imagine bien...
Lui : Celle-la, cette machine que ce matin j'ai créée, je vous la laisse imaginer, se compose d'un sceau, une poulie !, une manivelle, un fil de cuivre douze milli, de douze metres de long, et d'une balance. Ah, venez vite voir, vous verrez mieux, c'est merveilleux !
Elle (visiblement ravie) : Mais ...ce n'est qu'une peinture.
Lui (ravi aussi) : Comment "Ce n'est qu'une peinture" ? Au contraire : "C'EST UNE PEINTURE" !
Elle (de plus en plus euphorique) : la peinture d'une machine qui remonte du vent... Ce n'est pas grand chose, du vent. Alors, la machine qui le fait remonter merci...
Lui (encore plus ému) : Ca fait remonter DU VENT !
Elle (l'euphorie meme) : Ca fait remonter la notion de ce qu'est le vent. Meme une peinture peut etre du vent ...
Lui (immensément heureux, la joie incarnée) : Ah-la ! Vous etes médisante ce matin, qu'est-ce qui vous arrive ? Z'avez mal dormi ou quoi, BORDEL !
Elle (passionnée, a ses pieds, le prenant par la main) : Vous vous arrangez pas mon vieux, c'est pathétique en ce moment. Bon allez, je retourne dans mon pieux avec le vieux qui fait tourner le vent, pioncer encore une heure ou deux.
Lui (ne lui lachant pas la main, amoureux, Amour-lui-meme) : Ouais c'est ca ! Revenez quand j'aurais seulement fini, vous me l'envierez ma nacelle a remonter le vent, et vous voudrez meme etre dedans. Mais vous etes déja du vent ! Que-du-vent Mathilde !
(seul, inspiré, s'effondrant au sol, le visage poete vers le ciel, le regard tendre et absorbé comme visitant un mirage et ses poussieres d'illusions) : Que-du-vent-gnagnagna...
"Voila, avant de venir ici pour ce projet, nous séquencions avec M. PROBY, chez moi a Dubrovnik, des peintures de ce qui n'était encore qu'un prototype - disons une idée vague - de nos actuelles boites numeriq. Cette peinture est tout ce qu'il y a de plus mortel, plus sensible tu meurs comme on dit. Nous avions les ouvrages de son pere, qui vous le savez est un tres grand connaisseur en restauration d'oeuvres, et nous avions, avec les sciences que son pere a instrumentalisées pour devenir l'expert qu'il est, tenté d'ouvrir les décors et les autopsier pour en détailler les séquences qui nous semblaient défaillantes - comme un restaurateur l'aurait fait d'une toile de maitre en isolant un grain particulier de la tache qu'il veut opérer. Il s'agit d'une impression a l'encre et a l'huile sur toile émulsifiée, repeinte, épaissie au grain tres voluptueux d'un assez lourd mortier, puis taillée, sculptée au ciseau a bois, et dans laquelle ont été incorporées certaines fibres alimentées d'une énergie sthénique qui rendent a la figuration de la scene, comme vous la savez puisque c'est le meme principe qu'on a conservé, un instantané dynamique et donc bien entendu, mouvant, de la structure que les traits de l'artiste, mobilisés quoi qu'on en veuille par les rappels de l'émotion et des anlogies de sa psychologie - une tres savoureuse névrose et sa passion phrénétique pour les symboles myhtologiques soit dit en passant... Tout ceci est tres compliqué je sais, c'est assez technique, mais peu importe car ce n'est pas dans cette profondeur qui réside pour moi tout l'intéret chimique de cet objet, mais au niveau tres superficiel de la hiérarchie des travaux qui y ont été tracés et modelés, que vous pouvez observer la, et la encore, plus intact. Cette petite organisation locale, que je vais vous montrer isolée et grossie, voila, tenez, nous renvoie a nos propres notions de pesanteur, de célérité, et des coactions chimiques de presque tout ce qui compose l'univers dans lequel nous évoluons, n'est-ca pas ? Dont nos pieces a vivre, notre train pour Marseille, ou encore notre atmosphere. Eh bien, j'ai eu beau en faire le tour plusieurs fois, je ne trouve toujours pas de raison qui tienne pour couronner ma découverte d'un point d'orgue. Je me suis rendu compte que les memes proportions, a la plus échelle qui est la notre, se comportaient - comprenez bien que toutes les densités, hiérarchies de superpositions, tout, absolument a été transposé sur la base de cette petite partie que je vous montre la - que ces memes proportions se comportaient, aussi suspéfiant cela soit-il, de maniere completement différente. Completement. Il y a peut-etre trop de facteurs combinés, comment le deviner. Partant du principe, vous en convenez comme moi, que la sémantique poétique d'une oeuvre comme celle-ci recourt aux sens olfactifs, visuels, autant donc aux senteurs, émotions, qu'aux lueurs, qui peuvent elles-memes intéragir sur ces premiers, et avoir indépendamment, leurs effets propres, et singuliers. Cette partie qui m'échappe me bouleverse et m'accable des maux d'une impuissance émasculante. J'en suis a me demander comment fonctionne cette machine. et j'y vois un puits sans fond, il me semble qu'aucune matrice intellectuelle ne parviendra a me lire l'énoncé de cette impression picturale avec la fermeté de sens que la concision implore de détenir. Car si tout bouge, tout le temps, Mlle FAURE, vers quel désastre... Je ne veux pas nous porter la poisse, mais imaginez que nous rencontrions une dyslogie du meme accabit dans le programme qu nous concerne maintenant.
_Ahah ! Vous etes pourtant un ancien scientifique, vous avez eu des expériences du meme type n'est-ce pas, lorsque vous deviez élaborer des phasages pour le maniement d'appareils gigantesques. Vous savez tout comme moi que tout est déterminé, qu'une grande précision permet d'atteindre cette connaissance de la logique des cordes. Tout est question de temps, et pour notre projet je ne m'inquiete pas autant que vous, car je suis convaincue que nous tiendrons au fur et a mesure, de plus en plus de facteurs, et nous les interrogerons !, nous les ferons parler, et nous les torturerons !, s'il le faut, et que nous serons a meme d'anticiper, de prévoir chaque évenement lorsque nous aurons bien saisi et ce !, a force d'essais naturellement, d'échecs aussi nombreux que dommageables, la dynamique des éléments, leur déclencheur, et leur motrice. Déja les nombreuses découvertes que vous avez mis en exergue, de l'apparition de ces intervenants exogenes, me rendent optimiste quant a la rapidité des progres que nous allons faire dans cette science. Je peux présager que nous saurons meme un jour ou, et en quelles circonstances temporelles et spaciales - car je suis convaincue qu'il s'agit d'une combinaison au moins aussi complexe que ca - la hiérarchie des enchainements laisse se former une faille par laquelle quelques désordonnements ont lieu. Et si nous allons plus loin, profondément dans la faille, nous y trouverons faites-moi confiance la-dessus, la porte d'une nouvelle matrice de lois de physique, plus en amont que celles qui ici errigent nos principes de créations, vie et survie, et régissent notre monde selon la moindre influence que vous savez, de nos esprits sur le monde abstrait des forces, que tamisent d'ailleurs certaines chimies de notre organisme."