Depuis que je suis assis sur le point d'écrire sur mes impressions aqueuses, celles qui liquident les yeux devant leur impression mouillée de filets à rebonds semblant émancipés d'une fine tache de miel coulé sur la toile, il s'écroule sous mes fesses un temps démesurément fondant, filant, flippant autant dire, de lustres qui me suspendent à la seule relecture des boucles d'images, dont se remettre revient même à n'y fondre plus un seul étrange sentiment de regarder en bas depuis le haut d'un escalier, mais bien de plonger en dedans quand la toile n'a que suffisamment de dimensions pour m'en remettre au seul sens de l'observation attentive. Forcer l'attention, voilà comme toujours ce qui devrait non plus réduire mais séduire plus l'oeil qui sait aimer.
Oubliant parfois même de revoir mon oeil, déjà imprégnié.
Il est temps, et puisq nait ce text à l'instant (du moins je le crois :), eh bien, c'est qu'il est, ce temps, grand venu.
"Où sont-ils tous les arbres qui auraient voulu s'éprendre?
Depuis trop d'ans Mercedes voit les vers remonter la lune. Et elle a toujours la même tâche éternelle : trouver sa fille. Même si Dieu l'a clairement instruit qu'il n'est n'a plus envie de jouer, il n'est pas un jour où elle renonce à l'espoir de revoir sa petite Isabelle sortir joyeuse de son école de briques rouges. Tous ont oublié combien les collines sont revenues vertes, et combien de chapeliers fous avec les savarins chauds ont fait grands les enfants de la ville.
Mais quiconque a vu la douceur qu'a la vieille mère sur le front, n'oubliera jamais de l'évoquer dans ses prières.
Tabliers de nuages il specchiano* sur les fenêtres abandonnées depuis l'été.
Les violons dorment dans les rues en berçant la fièvre de vingt heures. Et elle inépuisée, le long des parcs à la recherche d'une trace familière quelle qu'elle soit, pérégrine en fouillant entre les tonnerres, le parc de la lune, dans les cellules frigorifiées d'un abattoir, ou entre les piles de marchandises sous bâches de camions en escale.
Sous la pluie qui n'a jamais arrêté de pleuvoir sur elle, elle a suivi des yeux le souffle haletant des trains. En les réprimandant de ne pas avoir su protéger sa fille, elle a appris à les compter tous les jours jusqu'à se salir. A genoux, sur la place de mai elle a laissé que son coeur criât plusieurs fois: ils ont tué sa balançoire".
Où sont douleur et fatigue que nul autre ne saurait supporter?
Et avec le fleuve du monde qui mouille ses lèvres, souvent en rencontrant d'autres nuages avilis, Mercedes si magnifique dans sa douleur de dire : "Où ils sont tous les arbres qui auraient voulu s'éprendre?"
"Innocents que ces rêves qui devront faire frémir quand ils reviendront bénir ta maison."
Mercedes de Buenos Aires, récit de Manlio Rondoni (son nom signifie Martinets en français).
Manlio colle au train de méridiens orientaux