Il se donnait en spectacle, se représentait sur scène des nuits entières durant, dans les clubs des capitales d'Europe. Icône admiré, il se laissait porter, adulé et ivre de gloire, un être hors du commvn, dont l'entourage flattait l'envol, il était entré au théâtre comm si c'était chez lvi. Ça l'avait toujours été.
Elle l'avait vu provoquer cette actrice, causer sur elle tout ce qu'il voulait, il avait joué just, elle l'avait laissé se jouer d'elle enivrée, sans retenue, et plvs tard c'était une autre. Doté d'une troisième main, qui empoignait le cœur, sur scène il était vraiment ce qu'il incarnait, bien plvs que ce que les lignes écrivaient, elle l'avait reconnu, c'était fort, elle y avait cru. Ça aurait - presq - pu aller au-delà.
Mais avec elle, se disait-elle, ça ne prendrait pas, elle comprenait son talent, saurait que ce n'est toujours pour lvi que du jeu. Causer la peine l'effroi, la tendresse, l'attirance, faire croire à la relâche, à l'amour, se laisser croire mort, ému, blessé ou désemparé, à bout de souffle, elle ne s'y laisserait jamais tromper. Là commence leur histoire. D'un amour qui est le secret aveu d'une faiblesse qu'on jure ne jamais pouvoir trahir.
Une troisième main de Liszt, la Campanella. Quand il n'est plus possible de douter qu'il en est plvs que deux, qu'il devient indéniable que ce sont bien quasi quatre mains qui jouent maintenant. Ce mystérieux & fascinant prodige. Déglingué, glamour gothiq, théâtre rock. Une toile émulsifiée du ciel attendri qui autorise un seul instant se baigner un astre au pied de l'eau, just à la lisière du jour.
Lady Princess & l'icône adulée.
Rien que de l'amour, rien que du glorieux.
Nicola Lallée & Dee Dee Plinchase