"Aux discrets le tort des coups"
JR
Mme Tordescu,
est une de ces dames faite en fil de fer, comme les êtres sensibles seuls à la lumière d'une torche accrochée en rappel au pendant du cou savent en remarquer qui courent pour la première dans les traboules, de demeures en demeures.
Elle n'a pas toujours été secrète, tantôt elle était jeune, et criait dans les gares à la réponse des meutes auxquelles elle se fichait bien qu'on la sache appartenir. Mais un jour que les jours avaient passé qui avaient causé des torts ou des sorts entrant du lot des vies prises en appartements, en chaumières, ou prises au devant des naissances en grand nombre pour vie nouvelle, elle se trouva seule à brailler dans les lumières aveugles des cours intérieures.
Ce n'est pas une histoire triste. C'est un peu de ces basse-cours qui se prennent par la main, au détour des musicales qu'on danse comme on fait des têtes de morts-vivants pour impressionner les passionnés de passage. Un peu de ces gestes sans prétention qui font les nuages chavirer, juste un peu, dévier leur trajet dans les trajectoires en proie aux seuls vents dominants. Mme Tordescu - tordez-le moi, bon sang, ou c'est moi qui m'en chargerai ! - a passé l'âge, elle le dit sans arrêt. D'une seule traite en passant, sans signer d'accord ou de vague acquiescement dans le hochet de la tête sur ses épaules rentrées se coucher plus tôt, elle fait comme ça "J'ai passé l'âge" comme s'il s'agissait d'en prendre pour des perpétuités à chaque naufrage devant la gardienne de l'immeuble qui les fait bien, même un peu plus "Je vous les mets quand même ?" - Elle passe et elle prétend qu'elle a passé l'âge. On peut croire derrière sa subite évaporation dans les lieux communs où elle tombe sans attendre ni se causer de mal, qu'elle laisse entendre que sur ces murs, entre les lumières de ces couloirs, sur les parois visibles de toute enclave où s'emprisonnent les bruits éteints, et que dans ces cours intérieurs où ne jouent pas les enfants, ce sont là les années qui subsistent, et moisissent.
Ce n'est une histoire triste. C'est la pâle vérité que tient dans la bouche ce jaune absurde qui absorbe le son que l'on ne veut pas entendu séchant sur les cordes publiq, c''est ce linge froid et rèche qui saigne la peau au mirage des pelures de l'été qui est déjà parti, qui est déjà revenu, qu'elle n'attend pas, plus partant que revenu. C'est la lente éclosion d'un bout de femm qui se dit qu'il y a bien dans les recoins un peu de cet oxygène en pastiq qui peut endormir le bruit pour qu'on ne sache pas qu'elle passe par là, et qu'elle n'en finit plus de ne plus en finir de rien.
C'est à ça qu'on veut tordre le cou quand on le prend ferme entre les mains. Le bout de vie qui s'éteint dans l'étreinte et qui se laisse abandonner au fanion vieilli des marais verticaux de la vie prise en courant par les lueurs éléctriq des espoirs qui n'existeront toujours à ses yeux qu'un instant.
Un arrêt sur image, ce bout de temps sans composé, qui se dillue au passage de la main, si léger et prudent soit-il, si attentionnée se veuille son intention.
Une engelure dans la feuille de l'arbre cette mère qui nous épouse tous, nous aime, mais qui ne retient rien, de ces quelq échappées dans les périphéries, qui se soufflent dans le vent qu'un petit rien mettrait aux maux un terme, et au terme un sens qui en donne à la vie.
Elle ne pleure jamais Mme Tordescu. J'ai passé l'âge, qu'elle dit. Une blague, comme ce temps imparti. Facéties.