Dali & Bunuel (1928) : PLAY IT ON YOUTUBE.
[ Decoupage en 16 sequences et Analyse par Guy Magen ]
Quel est le sujet qui dit JE dans le film ?
Celui qui affute le rasoir pour ouvrir l'oeil, c'est Bunuel en personne.
Il est d'abord le sujet qui dit JE. Mais que cherche-t-il ?
A l'origine du regard, qu'est-ce qui est cache derriere le regard ?
L'inconscient
La froideur clinique avec laquelle il accomplit sa preparation nous renvoie a la Lune et ce qu'il recherche, c'est l'inconscient de cette jeune femme.
Sa face cachee, onirique, est symbolisee par la lune puisque le nuage effile represente le cote effilee de la lame de rasoir. Et nous avons ici la pulsion scopique [reve & fantasme] ce qui est le propre du cinema.
A l'origine du regard il y a donc l'inconscient, la face cachee.
Quel viatique [quel bagage] ramene notre hero ? (de son ecole religieuse)
Il a bien fallu qu'il oublie son corps, on voit en transparence, il ne reste que la cornette blanche et les surplis blancs, oublie son corps donc, dans ce pensionnat religieux. Telle etait la fonction de son education religieuse.
Son viatique est donc avec les obliques noires et blanches, le cote manicheen, le bien et le mal, le mal du corps, la lumiere de Dieu et les tenebres de Satan.
Une cravatte ?
Une cravatte dans ce viatique, certes une cravate dont elle va en quelque sorte refaire le noeud, et naturellement elle le remettra en selle, lui et son desir de par ses appas feminins.
Un realia ?
Si nous avons les fourmis qui surgissent de sa main, c'est que bien sur les insectes sous la peau symbolisent le cadavre mais que aussi ces insectes symbolisent, signifient la demangeaison du desir.
C'est l'expression avoir des fourmis dans les mains.
Le viatique a nouveau
Nous avons le combat de Eros pulsion de vie contre Thanatos, la pulsion de mort.
Nous retrouvons ce combat avec cette jeune fille, fiancee, asexuee, a laquelle il avait promis sa main.
Il en avait fait le serment : ma main a couper.
La mort d'Isolde
Aussi la mort de cette jeune fille, ponctuee par la musique de Wagner, La Mort d'Isolde, renvoie a la mort de l'Ideal et de l'Angelisme, permettant a la libido de se liberer a travers Thanatos, l'instinct de mort.
Le tango, pulsion de mort...
Le tango qui accompagne la vision de mort [la sensation du noueau-ne qui prefere Thanatos] provoque Eros, la pulsion de vie, et la sensation des yeux qui se revulsent vers le desir c'est evidemment le renvoi vers l'inconscient du sujet : Eros se transforme ici en Thanatos. Avec ce filet de salive qui pourrait etre un filet de sang.
Le titre du film
Le titre du film, Chien comme lubrique, andalou comme vandale, puisque le mot ANDALUCIA signifie le pays des Vandales, la VANDALIE, nous rappelle que Federico Garcia Lorca s'etait fache avec Bunuel et Dali parce qu'il se voyait personnellement vise a travers ce titre Le Chien Andalou.
Le chien bien sur c'est celui qui retourne a ses vomissures, a son relapse, qui recommence toujours les memes fautes.
Thanatos, le sadisme
Au coeur de la fragilite et de la beaute nous avons la tete de mort. Thanatos, la pulsion de mort.
Le Ca et le Sur-moi
Nous avons ici la pulsion,dans la tentative de viol, a laquelle s'opposent le fair play [It's no fairplay !] symbolise ici par le jeu anglais de la raquette de tennis, la menace de castration, boeuf ou ane, qui menace le sujet.
Le sentiment esthetique symbolise par le piano et la musique qui freinent l'instinct de viol du sujet, le double poids du religieux qui l'empeche d'agir, et enfin le poids insurmontable des ailes d'ange, devenues trop lourdes pour lui. C'est le Ca et le Sur-moi.
Les jumeaux
Le MOI ideal est represente ici par ce double jumeau au Nom du Pere et nous voyons que notre mauvais sujet a abandonne depuis longtemps et l'a vouee aux termites sa table de travail d'etudiant.
Au petit matin, vient l'heure de la schize du remords. La virilite, le meurtre du pere, tout cela signifie un affrontement des jumeaux.
Duel
C'est l'eternel duel du fils et du pere, mais surtout du MOI ideal et du MOI reel.
Et pour celui qui demeurait chaste et pur durant son adolescence, la beaute artistique comme la chair, restent inatteignables.
La projection
Nous avons ici un bel exemple de sensation projective.
Le desir du sujet s'inscrit sur la bouge du baiser.
La fin conjugale
Evidemment notre heroine qui s'en va, rencontre son epoux qui l'attend au bord du rivage, forcement l'epoux puisqu'il lui signifie son retard par la petite aiguille mais surtout la grande aiguille,
Au sol restent les depouilles de l'aventure qu'elle aurait pu connaitre avec ce grand dadet de mauvais sujet qui voulait la violer. Parmi tout cela il y a le viatique et les vestiges d'une adolescence, dans une fin conjugale.
L'amour eternel
Au printemps, ironiquement, au moment de la Resurrection, et cela rappelle le mythe de Tristan et Isolde, nous avons le sablier [la resurgence] qui ensevelit en fait celui qui aurait pu etre l'amant, celle qui aurait pu accepter ce desir.
C'est le contraire de la mer qui efface sur le sable les pas des amants desunis, la presence des corps marque l'enlisement pour l'eternite de l'amour fou.
UN CHIEN ANDALOU (Suite)